Je parcourais la ville,
Longeant les bars où piétinaient les chaises vides,
Grattant les tables impropres,
Auxquelles j’accolais mes coudes.
J’avais vu le visage de la nuit
Paraissant s’extraire de nulle part,
S’accolant aux murs poreux,
Ou à l’une de ces enseignes fluorescentes.
Elle avait surgi au coin de cette rue
À peine éclairée par les néons,
Et demandait que les yeux se fixent,
Se focalisent sur elle.
Lydie avait abandonné ses mains,
Sa bouche, son sourire et ses lèvres
Figeant dans l’instant
Le miroitement de la ville.
J’avais tenté de saisir dans la nuit,
L’espace d’une minute,
Ce que ses yeux exprimaient
Dans cette ville exsangue.
J’avais tenté de saisir,
Par-delà la lumière des phares,
Par-delà les ombres mouvantes des voitures,
Ce que Lydie avait à me dire d’elle-même.
Lydie avait le visage des nuits étirées,
Maquillée pour contrefaire la vie,
Maquillée sous les lampadaires éteints
Pour offrir aux passants le soin de se méprendre.
Le passage des mots 
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